samedi 22 décembre 2018

GILETS JAUNES, ANALYSE STRUCTURELLE


Ce mouvement éruptif, spontané et protéiforme, a été déclenché suite à une cause directe et immédiate : un ras le bol généralisé en réaction à l’avalanche des taxes et prélèvements iniques, touchant une population de  la France périphérique (et les automobilistes en particulier) sous le prétexte fallacieux de protection de l’environnement. Une France victime de cette mondialisation sauvage et non contrôlée et une France oublié par les politiques depuis longtemps ne pouvait pas supporter ce dernier outrage.
En parenthèse, comme je l’ai déjà écrit, si je trouve juste les causes de ce profond mécontentement, je n’approuve nullement les moyens utilisé par les gilets jaunes, et le déroulement de leurs actions me conforte dans cette attitude.
Mais tout ceci constitue la goutte qui a fait déborder le vase, les causes étant plus anciennes et bien plus profondes.
Tout le monde connait le caractère révolutionnaire de ce peuple qui a marqué l’histoire. Dans l’analyse qui nous intéresse, les causes originelles proviennent de la dernière quasi révolution, celle de mai 1968. Ce mouvement a provoqué un profond changement idéologique et sociologique qui a marqué tout le déroulement des politiques depuis un demi-siècle.
Je résumerais l’impact de ce mouvement sur la société française par deux slogans répandus à l’époque, tout en étant conscient que c’est très réducteur de limiter le bouleversement subi par la société française à ces deux slogans   : « c’est interdit d’interdire » et « jouir sans entraves ».
Quelles furent les conséquences multiples de ce bouleversement ?
-       L’emprise d’une idéologie ultra libertaire d’une part de la population urbaine, relativement aisée, avec des principes multiculturalistes, mondialistes et souvent nihilistes (qu’on a appelé ultérieurement les bobos) sur l’ensemble de la société. Avec un mépris souverains pour la majorité silencieuse de la population périphérique, des citoyens plus conservateurs et liés aux traditions et aux certains principes que j’appellerais moraux. Conséquence, un fort affaiblissement de la cellule familiale avec l’explosion du nombre de divorces et des difficultés accrues pour les familles monoparentales.
-       L’irruption d’une frénésie généralisée de la consommation à tout prix, sans limites et sans aucun sens de responsabilité, d’où des problèmes de surendettement et des faillites personnelles et professionnelles.
-       L’appel de plus en plus pressent et généralisé à l’Etat Providence, dont une large part de la société s’est habituée à être biberonné. Demander à l’Etat tout et toujours plus (lire l’excellent livre de François de Closet, toujours d’actualité)
-       Basé sur les mêmes principes, l’arrivé de générations  d’enfant rois, habitués d’avoir accès immédiat à tout ce qu’ils désirent. Devenant adultes, une bonne part de ces enfants a reproduit les mêmes réflexes, avoir des droits mais pas de devoirs, avoir de moyens mais pas de responsabilités et surtout sans efforts.
-       Le développement d’un individualisme exacerbé, avec une indifférence souveraine par rapport à l’intérêt général et au bien public.
Les soixante-huitards (généralement issus des familles bourgeoises et aisées) sont passés par des écoles prestigieuses et sont arrivés à prendre les rênes du pouvoir politique et quelquefois économique. Ils ont mis en pratique une bonne part de leur idéologie, mais aussi, par crainte d’autres « révolutions » similaires, ils ont fait fonctionner la planche à billets, distribuant généreusement des prébendes d’abord à leurs proches et obligés mais aussi à tous ceux qui demandaient plus ou moins vigoureusement : les (soi disant) syndicats, les catégories socioprofessionnelles agissantes (agriculteurs, enseignants) les associations diverses, les fonctionnaires (leur nombre aussi) les comités Théodule souvent ne servant à rien (dont les très connus CESE). L’Etat est devenu obèse, les collectivités territoriales se sont multipliés vertigineusement (le célèbre mille feuille territorial dont tout le monde est conscient de la nécessité de le réduire, mais aucun dirigeant n’a le courage de le faire, paralysé par la peur des baronnies locales) Et voilà le triste constat qui a crée un endettement pharaonique (qui est pratiquement à 100 % du PIB, donc de la richesse nationale) un Etat en quasi faillite avec un appauvrissement du pays et la condamnation des générations futures qui serons obligés de payer et l’énorme dette (environs 2200 mille milliard d’euro) et l’éclatement du lien social, familial et national.
Le mouvement de gilets jaunes s’étiole, une fois de plus les responsables politiques ont réitéré la vielle recette, en distribuant de l’argent que la France n’a plus, en creusant l’endettement et en « marchant ». Plutôt en courant avec la tête dans le mur, politique identique depuis un demi-siècle avec les conséquences tragiques dont nous sommes « en même temps » les victimes et les spectateurs impuissants. Mais cette fois, le mur n’est pas loin …