Ce mouvement éruptif, spontané et protéiforme, a été déclenché
suite à une cause directe et immédiate : un ras le bol généralisé en
réaction à l’avalanche des taxes et prélèvements iniques, touchant une
population de la France périphérique (et
les automobilistes en particulier) sous le prétexte fallacieux de protection de
l’environnement. Une France victime de cette mondialisation sauvage et non contrôlée
et une France oublié par les politiques depuis longtemps ne pouvait pas
supporter ce dernier outrage.
En parenthèse, comme je l’ai déjà écrit, si je trouve juste les
causes de ce profond mécontentement, je n’approuve nullement les moyens utilisé
par les gilets jaunes, et le déroulement de leurs actions me conforte dans
cette attitude.
Mais tout ceci constitue la goutte qui a fait déborder le vase,
les causes étant plus anciennes et bien plus profondes.
Tout le monde connait le caractère révolutionnaire de ce
peuple qui a marqué l’histoire. Dans l’analyse qui nous intéresse, les
causes originelles proviennent de la dernière quasi révolution, celle de mai
1968. Ce mouvement a provoqué un profond changement idéologique et sociologique
qui a marqué tout le déroulement des politiques depuis un demi-siècle.
Je résumerais l’impact de ce mouvement sur la société
française par deux slogans répandus à l’époque, tout en étant conscient que c’est
très réducteur de limiter le bouleversement subi par la société française à ces
deux slogans : « c’est
interdit d’interdire » et « jouir sans entraves ».
Quelles furent les conséquences multiples de ce bouleversement ?
-
L’emprise d’une idéologie ultra libertaire d’une part de la
population urbaine, relativement aisée, avec des principes multiculturalistes, mondialistes
et souvent nihilistes (qu’on a appelé ultérieurement les bobos) sur l’ensemble
de la société. Avec un mépris souverains pour la majorité silencieuse de la
population périphérique, des citoyens plus conservateurs et liés aux traditions
et aux certains principes que j’appellerais moraux. Conséquence, un fort
affaiblissement de la cellule familiale avec l’explosion du nombre de divorces
et des difficultés accrues pour les familles monoparentales.
-
L’irruption d’une frénésie généralisée de la consommation à
tout prix, sans limites et sans aucun sens de responsabilité, d’où des
problèmes de surendettement et des faillites personnelles et professionnelles.
-
L’appel de plus en plus pressent et généralisé à l’Etat
Providence, dont une large part de la société s’est habituée à être biberonné.
Demander à l’Etat tout et toujours plus (lire l’excellent livre de François de
Closet, toujours d’actualité)
-
Basé sur les mêmes principes, l’arrivé de générations d’enfant rois, habitués d’avoir accès immédiat
à tout ce qu’ils désirent. Devenant adultes, une bonne part de ces enfants a
reproduit les mêmes réflexes, avoir des droits mais pas de devoirs, avoir de
moyens mais pas de responsabilités et surtout sans efforts.
-
Le développement d’un individualisme exacerbé, avec une indifférence
souveraine par rapport à l’intérêt général et au bien public.
Les soixante-huitards (généralement issus des familles
bourgeoises et aisées) sont passés par des écoles prestigieuses et sont arrivés
à prendre les rênes du pouvoir politique et quelquefois économique. Ils ont mis
en pratique une bonne part de leur idéologie, mais aussi, par crainte d’autres « révolutions »
similaires, ils ont fait fonctionner la planche à billets, distribuant
généreusement des prébendes d’abord à leurs proches et obligés mais aussi à
tous ceux qui demandaient plus ou moins vigoureusement : les (soi disant)
syndicats, les catégories socioprofessionnelles agissantes (agriculteurs,
enseignants) les associations diverses, les fonctionnaires (leur nombre aussi)
les comités Théodule souvent ne servant à rien (dont les très connus CESE). L’Etat
est devenu obèse, les collectivités territoriales se sont multipliés
vertigineusement (le célèbre mille feuille territorial dont tout le monde est
conscient de la nécessité de le réduire, mais aucun dirigeant n’a le courage de
le faire, paralysé par la peur des baronnies locales) Et voilà le triste
constat qui a crée un endettement pharaonique (qui est pratiquement à 100 % du
PIB, donc de la richesse nationale) un Etat en quasi faillite avec un
appauvrissement du pays et la condamnation des générations futures qui serons
obligés de payer et l’énorme dette (environs 2200 mille milliard d’euro) et l’éclatement
du lien social, familial et national.
Le mouvement de gilets jaunes s’étiole, une fois de plus les
responsables politiques ont réitéré la vielle recette, en distribuant de l’argent
que la France n’a plus, en creusant l’endettement et en « marchant ».
Plutôt en courant avec la tête dans le mur, politique identique depuis un demi-siècle
avec les conséquences tragiques dont nous sommes « en même temps » les
victimes et les spectateurs impuissants. Mais cette fois, le mur n’est pas loin
…