En 1996, un (encore) obscure professeur de Harvard,
Samuel Hutington, publiait un essai intitulé « Le Choc des
civilisations » (en anglais « The Clash of Civilisations and Relaking
of World Order) essai qui est devenu un must procurant des débats interminables
et contradictoires. Très succinctement il évoquait le remplacement de
l’opposition entre les deux blocs (communiste et occidental) par un monde de
civilisations totalement conflictuelles.
Cet essai traduit en français l’année suivantes fut –
rien d’étonnant – mis à l’index sinon vitupéré, accusé de tous les maux et
brulé virtuellement sur le bucher dressé par la grande majorité de notre intelligentsia
(pas synonyme d’intelligence) journalistique et politique.
Les années ont passé et les horreurs et atrocités
commises dans toute la planète, d’Algérie à New York, en passant par la Lybie,
Soudan, Inde et Pakistan, l’Angleterre et l’Espagne et maintenant Irak, Syrie,
Nigéria et Kenya constituent les malheureux exemples que nous sommes bel et
bien dans un guerre entre notre civilisation et la barbarie que certains de nos
leaders n’osent pas prononcer : la barbarie islamiste. Car elle n’a rien
d’une civilisation ! L’économiste Frédéric Saint Clair dans le Figaro du
25/09/2014 définit bien l’essence du
phénomène en parlant de l’Etat Islamique (mais extensible à l’ensemble des
mouvements djihadistes) : « pour qu'il y ait choc des civilisations,
il faudrait que l'Etat islamique incarne lui-même une civilisation, or il n'en
est rien. Ni valeurs morales. Ni humanisme. Ni intelligence de l'esprit. Ni
intelligence du cœur.»
Nous en sommes arrivé là, il s’agit bel et bien d’une troisième guerre mondiale qui a
commencé réellement et qui se propagé inexorablement sur l’ensemble de la
planète :
http://zissus.blogspot.fr/2014/10/la-troisieme-guerre-mondiale-lhorizon.html
Ce qui est un peu rassurant, c’est que malgré le déni, sinon la totale cécité d’une grande partie de nos leaders politiques, la
réalité flagrante oblige les langues se délier même parmi les personnalités de
gauche munies de courage et liberté d’esprit (ce qui n’est généralement pas la
marque de fabrique de cette partie de l’échiquier politique)
Je cite d’abord le visionnaire philosophe Michel
Onfray, qui met en évidence avec clarté ce que beaucoup de gens avaient
conscience mais pas le courage de l’exprimer publiquement, à savoir : « Prétendre qu’il n’y a pas un
choc des civilisations entre l’occident localisé et moribond et l’Islam
déterritorialisé en pleine santé est une sottise. »
Ce qui est plus étonnant, c’est la
position d’une personnalité dont la voix résonne au-delà de notre pays, au-delà
de toute l’Europe ; il s’agit du pape François qui dans les cérémonies de Pâques
a prononcé de paroles fortes et inhabituelles de la part d’un haut prélat de
l’Eglise Catholique. Car d’habitude, les hiérarques catholiques faisaient aussi
dans le politiquement correct, en évitant soigneusement de mettre le doigt sur
ce qui fait mal, de dire ouvertement les
choses telles qu’elles sont.
Eh bien le pape François a totalement renversé la
table, il a haussé le
ton contre "le silence complice" et "l'indifférence" devant
la "furie djihadiste qui
frappe les chrétiens,» il a parlé des barbares, des bourreaux,
d’une 3-e guerre mondiale et ce qui est plus étonnant en appelant à une
intervention militaire afin de combattre la menace djihadiste. C’est une vrai
révolution dans le discours, en opposition totale au dogme de « tendre l’autre
joue » dicté dans l’Evangile de Mathieu. Mais finalement, vu les positions
et les déclarations verbales du pape dans d’autres circonstances et sur d’autres
sujets, ces paroles ne devaient pas m’étonner. Changement de style à cent pour
cent au Vatican.
Avec beaucoup de lucidité, Alexis Brezet du Figaro dénonce
aussi la couardise dont nous avons fait preuve : «le devoir est de s'armer. Moralement,
d'abord car comment défendre nos valeurs si nous ne sommes pas convaincus de
leur prééminente dignité ? Politiquement et juridiquement, ensuite : trop
longtemps, au nom d'un humanisme perverti, d'un antiracisme dévoyé, nous avons
fait preuve de complaisance envers nos pires ennemis. »
J’ai un seul point de désaccord avec
M. Brezet : il affirme que cette guerre doit être gagnée, tandis que
personnellement je pense qu’elle est malheureusement déjà perdue et notre civilisation en phase de disparition inéluctable.
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