Bien sur, le titre de ce petit opus est paradoxal, antinomique, mais malheureusement d’un évidence et d’une actualité qui sont
réelles.
La première partie est confirmé et soutenus
par la prise de position des penseurs du monde entier, mais particulièrement des
centaines, sinon de milliers d’intellectuels,
théologiens et personnalités du monde musulman.
Les événements récents, qui sont d’une
gravité exceptionnelle, ont vu l’essor d’une
pensée réformiste dans la sphère arabo-musulmane d’une ampleur sans précédant.
La liste et longue, impossible de citer tous les noms et les propositions émises par ces personnalités sinon la lecture
deviendra indigeste.
Je me contenterais de souligner d’abord la
pensée de l’intellectuel égyptien Saiyed al-Qemny, chantre de la pensée
"critique" et qui veut réhabiliter (comme Abou Zeit ou Abdel Razeq
avant lui) le courant de pensée hétérodoxe du mutazilisme,
fondé sur le primat de la raison critique ; mais il faut savoir que ce
mouvement de pensée fut interdit depuis le 10e siècle dans le monde
sunnite !
Parmi les plus pertinents néo-mutazilistes
de nos jours on peut citer l’ex ministre
tunisien Mohamed Charfi, les Frères franco-algériens Soheib et Ghaleb
Bencheikh, l’écrivain de renom Boualem Sansal, le réformiste Abdennour Bitar, Abdellah
Tourabi ( directeur de la revue marocaine TelQuel), Kamel Daoud qui ose
ainsi affirmer qu’il faut « s’attaquer à la matrice » du fascisme
islamiste et bien d’autres.
Mais, et c’est ici que la deuxième partie du
titre de l’article surgit, est-il possible de réaliser cette réforme et de la
faire accepter par l’Oumma entière ? La réponse est non et ceci pour
plusieurs raisons, dont deux majeures.
Premièrement, dans le monde sunnite (qui
englobe 90 % du monde musulman) il n’existe aucune hiérarchie théologique,
aucune personnalité ou organisation qui peut avoir une autorité sur l’ensemble
des fidèles. N’importe qui, possédant une certaine connaissance du Coran, des Hadîth
et de la langue arabes peut se décréter imam et même, si doué de beaucoup de
charisme, s’intituler « calife », « émir des croyants » ou
autre titre prestigieux et agir en conséquence. (nous connaissons bien des exemples). Dans ces conditions, la réalisation d’une réforme de
fond de l’islam (tel que fut le concile Vatican II pour les catholiques) devient
une gageure.
Un deuxième obstacle de taille, c’est le
caractère divin du Coran. Ce livre étant dicté directement
par Allah au Prophète, il est impossible d’émettre aucune critique, aucune
modification même mineure à son contenu. Et ceci, malgré le contenu souvent
contradictoire entre des sourates, particulièrement entre celle d’origine
mecquoise et les médinoises.
C’est le contraire pour autres livres
sacrés (par exemple les Évangiles pour les chrétiens, la Thora pour les juifs, les textes sacrés bouddhistes
Theravada) qui ont été écrits par des humains, bien plus tard que leurs
inspirateurs « divins » donc facilement critiquables.
Il y a bien sur
d’autre raison opposables à cette réforme, mais de moindre importance.
Alors, que faire ?
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