Tous le monde connait des nombreux exemples de
manifestations des enfants qui se comportent comme de petits tyrans
domestiques : des exigences démesurées, des comportement égocentriques
exacerbés, des caprices répétés et de dimensions hors normes etc.
L’explication est simple : après la guerre et les
privations inhérentes à cette époque a suivi la période appelée « les 30
glorieuses » avec l’arrivée des couches socio-économique aisées ou en tout
cas avec des situations matérielles correctes. On ajoute l’émancipation des
femmes qui ont investi massivement le marché de travail, souvent avec des
situations intéressantes, mais qui demandent un investissement personnel donc
moins de temps à accorder aux enfants.
Tout ce changement sociologique a eu comme effet, dans
beaucoup de familles, l’orientation vers un choix de facilité : la
compensation de leur absence de temps accordé à l’éducation et même une absence
physique auprès d’eux, par l’acceptation de toutes les exigences de ces
derniers et/ou en leurs accordant des facilités pécuniaires au-delà du
raisonnable.
A cela s’ajoute l’invasion d’une idéologie massive et
invasive de la part d’une frange extrémiste de la gauche « éveillée »
(traduction de la sinistre idéologie « woke ») qui parmi d’autres
dérives, imposent la sanctuarisation des enfants dans un groupe minoritaire qui
est « opprimé » : pas question d’une fessée, d’une punition et récemment
même la réprimande « vas dans ta chambre » est un délit punissable !
Le ridicule ne tue pas…
Nous constatons l’arrivée de la deuxième génération de
ces enfants rois à l’âge adulte ; avec quelles conséquences ?
Je pense que le résultat de cette situation a conduit
à la formation de trois groupes :
-
Le premier, heureusement minoritaire, est
constitué par de jeunes qui ont perdu le sens d’intégration de la société.
Désorientés ou subissant une néfaste influence de leur entourage, ils ne
peuvent pas s’assurer personnellement et terminent sans aucune formation, sans
repères, souvent sous l’emprise des drogues ou alcool, d’autres se réfugiant
dans la dépendance de leurs parents ou proches.
-
Par contraste, une autre catégorie, ce
sont des jeunes ambitieux, dotés intellectuellement, qui font des brillantes
études et arrivent à des situations élevées. Ils ont un comportement onirique,
infatués, marqué par leur supériorité (effective ou supposée) ils n’acceptent
pas que leurs paroles ou actions puissent être critiqués. Les nouveaux tyrans
qui se manifestent dans des domaines variés : les divas dans les médias,
des ténors dans la politique, des arrivistes dans les domaines économiques, des
mandarins dans la recherche et j’en passe.
-
Enfin les plus nombreux, les moyens. Ils
ont passé des études et ils sont dans le marché du travail dans des situations
plus ou moins intéressantes. Le statut d’anciens rois s’est évaporé. Ils sont
obligés d’accepter d’être dans une hiérarchie, d’avoir de supérieurs dont ils
doivent exécuter les ordres, des instructions ou protocoles de travail.
Situation qui devient inconfortable ; certains refusent de travailler,
d’autres font le « minimum syndical » d’autres se réfugient dans une
aventure individuelle avec plus ou moins de succès. « Grâce » à cette
dernière catégorie, nous subissons une situation paradoxale : avec près de
6 millions de chômeurs (classes A, B et C confondues) nous avons des centaines
de milliers de postes disponibles qui ne trouvent pas de candidats. Et quant à
ceux qui sont quand même obligés de travailler, le résultat et navrant :
une détérioration marquée et inquiétante de la qualité des services partout,
dans tous les domaines. Situation tragique qui handicape fortement le pays et
son avenir.
Qu’on ne se méprenne pas sur mes intentions ! Je
suis loin de généraliser, en incriminant la masse de jeunes qui effectuent un
travail remarquable et utile pour eux même et pour la société. Mais la
proportion des ex-enfants rois est quand même suffisamment importante pour que
le problème soit posé sans malheureusement pouvoir espérer voire une solution.
Car, soyons conscients ! L’avenir proche sera de plus en plus difficile,
même douloureux et demandant des efforts et sacrifices. Quelle capacité aurons
ces nouveaux et anciens-nouveaux adultes pour se confronter aux réalités ?
Bonne question dont les parents et les idéologues de « l’éducation bienveillante
» ont à répondre.
Sorel Zissu, le 5 février 2022
Sur le même sujet j’ai trouvé un article publié
récemment par le Figaro, mais destiné uniquement aux abonnés : https://www.lefigaro.fr/actualite-france/parents-bienveillants-enfants-tyrans-20200712
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