J’adore l’histoire,
d’abord pour elle-même, mais plus important encore parce que l’histoire nous apprend
beaucoup de choses sur la vie contemporaine et elle nous donne
souvent des clés pour connaître l’évolution future des sociétés, des
civilisations.
Cette fois, je
souhaite analyser dans une perspective historique la stratégie de l’extrême
gauche française et son alliance apparemment contre nature avec l’islamisme.
L’extrême gauche actuelle
est globalement de typologie trotskiste. Le Parti Communiste Français,
moribond, n’est plus dans cette mouvance, les quelques inconnus et blafards
caciques de ce micro parti se contentent (en dehors d’une phraséologie qui se
veut « révolutionnaire ») de marchander des strapontins électoraux
auprès les socialistes, pour avoir
encore quelques os à se mettre sous la dent et payer le peu des militants
encore présents.
Je ne considère
Jean-Luc Mélenchon (actuellement en
bisbille avec son éphémère allié le PCF) d’extrême gauche non plus ;
Mélenchon est inclassable politiquement, il est simplement mélenchoniste, une
sorte de Bayrou, les deux aveuglés par
leur propre rayonnement sidéral (plutôt sidérant…)
Les trotskistes, très
minoritaires et en plus divisés en plusieurs sectes, ne peuvent pas réussir à prendre
le pouvoir ni par la voix électorale (la chute du principal parti de la
mouvance, le NPA est patente et irrémédiable) ni par la voix terroriste (les échecs des années 1970) Donc il
s’inspirent des exemples de prises de pouvoir par des mouvement minoritaires au
XX-e siècle, mouvements qui se sont alliés provisoirement avec d’autres forces
pour les phagocyter et les anéantir ensuite. Les exemples récente dans l’histoire sont
deux :
1 La prise de pour des bolchévique dans la
Russie de 1917.
La Russie vit à cette époque une situation de fin de règne ; le mécontentement de la
grande majorité de la population et l’affaiblissement conjoncturel (la guerre,
l’affaire Raspoutine) du pouvoir tsariste conduit à la révolution de février avec
la destitution du tsar et la mise en place de plusieurs gouvernements
provisoires successives. Les mouvements menant à la chute du tsar Nicolas II
sont diverses :
- -- le Parti
constitutionnel démocratique (KD),
- -- des
socialistes,
- -- les
menchéviques
- -- et les
bolchéviques de Lénine et Trotski qui, malgré leur nom, étaient minoritaires
mais bien structurés et dotés de militants fortement radicalisés.
Profitant de la situation précaire du pays et le manque d’une autorité
politique forte, ces derniers ont mis en place (au début unis avec les
mencheviques et les SR) des soviets d’ouvriers,
de paysans, de soldats ou de marins qui géraient localement des entreprises,
des établissements diverses et des comités de soldats dans l’ensemble du pays.
Ensuite ils éliminèrent pas à pas tous
les autres forces ou partis et réalisèrnt un putsch audacieux, appelé « la
révolution d’octobre » prenant par la force le pouvoir. Il a suivi la
guerre contre les armées blanche et la mise en place de la dictature rouge
pendant plus de 70 ans avec les conséquences connues.
Détail intéressant, avec l’ouverture des dossiers secrets du KGB, nous
avons appris que Lénine et les bolcheviques ont obtenus tous les aides
financières et logistiques de l’armée allemande contre la promesse de l’arrêt
de la guerre sur le front Est. Lénine a tenu parole par la paix de Brest Litowsk.
2 La révolution iranienne de 1979
Une situation
similaire ; le pouvoir de la monarchie Pahlavi est discrédité et contesté
par des pans entier de la population en raison de la corruption endémique, la
forte inégalité sociale, la répression exercée par la Savak (la police
politique) et le puissant travail de sape organisé par des leaders religieux
chiites, prônant un retour au rigorisme musulman en opposition aux
« dérives à l’occidentale » de la société iranienne.
Les forces en
opposition au shah sont constituées par des mouvements hétéroclites idéologiquement
:
- le Front National, comprenant des
notables mossadeghistes (du nom de l’ancien premier ministre
Mossadegh) et d'intellectuels
libéraux
- l'extrême gauche urbaine (Organisation des moudjahiddines du peuple iranien)
- le parti communiste iranien (Tudeh)
- le Mouvement pour la Liberté de
l'Iran de Mehdi
Bazargan
- et bien sur la branche intégriste du clergé shiite dirigé par
l’Ayatollah Khomeiny bien implanté dans le milieu rural
Ces derniers
constituent des groupes contribuant à créer une situation pré insurrectionnelle
qui se renforce profitant d’un coté de l’abandon de l’appui des Etats Unis de
Jimmy Carter (malgré des promesses antérieures) et de l’autre coté de la
maladie du Shah et des dissensions dans l’appareil de l’Etat.
Le shah parti, le
gouvernement de Bakhtiar est écrasé par les partisans de Khomeiny qui
s’accaparent de tous les pouvoirs, éliminant peu à peu toutes les forces qui
ont contribués à la chute de la monarchie. L’instauration de la dictature
théocratique est en place et pour longtemps.
3 Conclusions
Quelle stratégie observons-nous dans la mouvance
trotskiste en France ?
Leur vieille tactique
de l’entrisme est encore très forte et avec un succès certain. Ils ont réussi
le noyautage des structures très diverses :
- -- des
syndicats (principalement FO, SUD, l’UNEF-unité syndicale, Confédération Paysanne)
-
-- des associations et organisations soit
radicalement trotskistes (A. C., CCFD, Droit Devant, DAL, La Libre Pensée, LDH)
soit noyauté par eux ( GODF, FCPE, ATTAC )
- -- dans les
médias (Le Monde Diplomatique, Médiapart, l’OBS)
Mais le problème
fondamental qui les bloque c’est la perte
totale de leur base ouvriériste. Alors il faut trouver une autre base sociale à
endoctriner et ce fut le monde issu de l’immigration, particulièrement celle
musulmane. Un de leurs théoriciens, le terroriste
Ilich Ramirez Sanchez, dit Carlos a écrit : “ L’Islam et le
marxisme-léninisme sont les deux écoles dans lesquelles j’ai puisé le meilleur
de mes analyses ”. Et : “ Cheik Oussama…est un internationaliste
panislamiste ”.
Par conséquent, ils
ont trouvé des points d’encrage fort dans :
- - les
mouvements et associations pro palestiniennes (ASFP, CAJPO, CBSP)
- - les
prédicateurs islamistes (Tarik Ramadan)
- - les
associations militantes (CCIF, Ligue
Islamique du Nord etc)
Cette alliance leur
permettrait, pensaient-ils, d’arriver au pouvoir pour appliquer la doctrine
bolchevique et se débarrasser de leurs encombrants alliés. Manque de pot, ils
se voient déjà supplantés par ces derniers qui, d’une manière lente mais progressive
et inéluctale remplacent les idéologues marxistes-léninistes par des hommes à
eux. Dans quelques années, les vieux « trotskards » se verront éliminés
et obligés de décamper avec armes et bagages.
Bon vent…
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