samedi 20 février 2010

LOUIS XVI et NICOLAS II

J’ai suivi récemment un film sur Marie Antoinette et le règne du dernier Bourbon avant la Révolution, occasion de saisir encore une fois la similitude étonnante, frappante, entre Louis 16-ème du nom et Nicolas II de Russie.
Je suis foncièrement républicain sans être pour autant anti-monarchiste et ma vision sur ces deux souverains est plus que mitigée ; ils me semblent plus comme deux paumés que des méchants loups et j’essaie de m’expliquer.
Tous les deux ont payé durement les exactions, la dureté quelquefois sanguinaire, l’oppression du peuple et la dictature féroce de la majorité de leurs prédécesseurs. Je pourrais même affirmer qu’ils ont payé injustement ces atrocités s’ils ne se rendaient coupables d’un aveuglement et d’une méconnaissance des réalités environnantes.
L’un comme l’autre n’étaient pas faits pour régner et n’étaient pas préparés pour le pouvoir suprême, ils ne le souhaitaient même pas.
Un autre rapprochement, ils ont régné dans des époques différentes (plus d’un siècle de distance les sépare) mais sous le signe d’une fin de cycle : fin de la monarchie absolue en France, fin du régime tsariste en Russie.
La situation socio-politique est aussi similaire : en France, les élites subissent l’ouverture des Lumières en même temps que des désastres économiques et la presque-faillite financière de l’Etat ; la Russie est sous la pression des élites intellectuelles, la misère des masses paysannes et le poids de la guerre ruine l’Etat.
Tous les deux ont en commun une faiblesse personnelle et sous l’influence d’un entourage qui les ont détournés d’une politique réaliste et en phase avec leur temps (à l’exception de Necker pour Louis XVI, mais trop bref et surtout trop tard)
Une autre ressemblance marquante, leurs épouses respectives étaient toutes les deux d’origine étrangère (ce qui focalisait la haine du peuple) et de plus, originaires de pays en conflit (avant ou pendant le règne) avec celui de leur époux. L’une comme l’autre, Marie Antoinette comme la tzarine Alexandra Féodorovna étaient de religion différente de la religion dominante dans leur nouveau pays, ce qui avait à l’époque avait une importance certaine. Les deux ont eu une participation active bien qu’involontaire au discrédit de leurs monarchies : Marie Antoinette par ses dépenses somptuaires, sa légèreté légendaire mêlée d’une sorte d’infantilisme, la tzarine cyclothymique, bigote et sous l’influence aveugle du charlatan Raspoutine.
La triste fin de ces deux monarques est aussi similaire, l’un sous le coup de la guillotine révolutionnaire, l’autre assassiné sauvagement par les hommes de main du nouveau pouvoir bolchevique. Tous les deux ont eu un comportement digne, à la hauteur de leur personnalité politique.
La suite des événements concernant les deux peuples est bien différente : la France, après une période trouble de la Terreur est devenue une République et une des premières démocraties européennes, la Russie est tombée de Charybde en Scylla, de la dictature tsariste en dictature communiste. Mais ceci ne peut que renforcer mon impression sur les coïncidences de ces deux fins de règne.

Sorel Zissu
Février 2010