Décidément, le monde arabe m’a toujours étonné, déconcerté, et ca
continue.
Un évènement récent, passé plus ou moins inaperçu par le monde
médiatique m’a déterminé d’écrire ce billet.
Inaperçu, car insignifiant par rapport aux élections américaines et le
changement à la tête de la Chine, sans compter le virage à 180 ° de la
politique de notre gouvernement (sujet à traiter séparément)
De quoi s’agit-il ? Dans le monde arabo-musulman récent, un
clivage était en place : dans la vieille cassure entre les chiites et sunnites,
l’axe pro chiite Iran-Syrie d’Assad-Hezbollah –Hamas paraissait solide comme un
roc et inamovible contre la nébuleuse
sunnite dirigée (et financée !) principalement par le Qatar et l’Arabie
Saoudite. Même plus, la mollarchie iranienne donnait des satisfécits aux
révolutions arabes (sunnites) avant que celles-ci n’atteignent l’allié
syrien.
Une question me taraudait, moi l’occidental ignare des mystères et soubresauts
de cet Orient compliqué. Comme dans les jeux de logique, je trouvais un intrus
dans cet axe pro chiite ; si le groupement composé de l’Iran
chiite, les Hezbollah aussi et le clan pro Assad –des alaouites -(une
branche du chiisme) faisait un ensemble homogène et logique, que fait le Hamas,
le parrain de Gaza, tous sunnites ? Mais bien sûr, l’explication est toute
trouvée : d’un coté la haine d’Israël
et de l’autre, la manne financière provenant de l’Iran via la Syrie qui
permet aux cadres et dirigeants de Hamas de vivre dans une opulence extravagante
par rapport à sa population.
Et bien, qu'apprend- t-on du Qatar ces derniers jours ? Une visite
de l'émir Hamad Ben Khalifa al-Thani de seulement quelques heures dans la bande de
Gaza, accompagnée d’un chèque de 400 millions de dollars a suffi pour faire basculer
totalement la donne. Ismaïl Haniyeh, Premier ministre du Hamas à Gaza a eu une
révélation divine (oh, les religions…) Il s’est rappelé soudainement qu'il est sunnite, mais en plus, appartenant à une branche des Frères Musulmans qui
sont au pouvoir en Egypte, Tunisie (grâce aussi aux prébendes Qatariennes); donc
il s’est déclaré solidaire de la rébellion anti Assad en Syrie. Suite logique,
Assad a fermé le bureau de Hamas à Damas et son dirigeant fut obligé, apparemment,
de quitter la Syrie. Quel pataquès : dorénavant les Hamas en Syrie - ex
alliés d’Assad- luttent dans les cadres de la rébellion, tandis que les
palestiniens affiliés au Front Populaire de Libération de la Palestine d’Ahmad
Jibril luttent dans le camp adverse. Et l’Autorité Palestinienne de Mahmoud
Abbas, reconnue par les instances internationales comme le représentant unique
du peuple palestinien, ne reçoit pratiquement plus d’argent du Qatar ;
même plus, celui-ci essaie d’évincer l’Autorité Palestinienne laïque, pour les remplacer
par Hamas.
Avec l’argent, toutes les voies célestes sont ouvertes.
Sorel Zissu
Novembre 2012
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