dimanche 28 février 2016

TROTSKISME ET ISLAMISME, LECONS D’HISTOIRE

J’adore l’histoire, d’abord pour elle-même, mais plus important encore parce que l’histoire nous apprend beaucoup de choses  sur  la vie contemporaine et elle nous donne souvent des clés pour connaître l’évolution future des sociétés, des civilisations.
Cette fois, je souhaite analyser dans une perspective historique la stratégie de l’extrême gauche française et son alliance apparemment contre nature avec l’islamisme.
L’extrême gauche actuelle est globalement de typologie trotskiste. Le Parti Communiste Français, moribond, n’est plus dans cette mouvance, les quelques inconnus et blafards caciques de ce micro parti se contentent (en dehors d’une phraséologie qui se veut « révolutionnaire ») de marchander des strapontins électoraux auprès  les socialistes, pour avoir encore quelques os à se mettre sous la dent et payer le peu des militants encore présents.
Je ne considère Jean-Luc Mélenchon  (actuellement en bisbille avec son éphémère allié le PCF) d’extrême gauche non plus ; Mélenchon est inclassable politiquement, il est simplement mélenchoniste, une sorte de Bayrou, les deux  aveuglés par leur propre rayonnement sidéral             (plutôt sidérant…)
Les trotskistes, très minoritaires et en plus divisés en plusieurs sectes, ne peuvent pas réussir à prendre le pouvoir ni par la voix électorale (la chute du principal parti de la mouvance, le NPA est patente et irrémédiable) ni par la voix  terroriste (les échecs des années 1970) Donc il s’inspirent des exemples de prises de pouvoir par des mouvement minoritaires au XX-e siècle, mouvements qui se sont alliés provisoirement avec d’autres forces pour les phagocyter et les anéantir ensuite.  Les exemples récente dans l’histoire sont deux :
1  La prise de pour des bolchévique dans la Russie de 1917.
 La Russie vit à cette époque une situation  de fin de règne ; le mécontentement de la grande majorité de la population et l’affaiblissement conjoncturel (la guerre, l’affaire Raspoutine) du pouvoir tsariste conduit à la révolution de février avec la destitution du tsar et la mise en place de plusieurs gouvernements provisoires successives. Les mouvements menant à la chute du tsar Nicolas II sont diverses :
-        -- les sociaux démocrates (POSDR) ,
-       --  le Parti constitutionnel démocratique (KD),
-       --  les  socialistes-révolutionnaires (SR), 
-        -- des socialistes,
-       --  les menchéviques
-        -- et les bolchéviques de Lénine et Trotski qui, malgré leur nom, étaient minoritaires mais bien structurés  et  dotés de militants  fortement radicalisés.
      Profitant de la situation précaire du pays et le manque d’une autorité politique forte, ces derniers ont mis en place (au début unis avec les mencheviques et les SR) des soviets d’ouvriers, de paysans, de soldats ou de marins qui géraient localement des entreprises, des établissements diverses et des comités de soldats dans l’ensemble du pays. Ensuite ils éliminèrent  pas à pas tous les autres forces ou partis et réalisèrnt un putsch audacieux, appelé « la révolution d’octobre » prenant par la force le pouvoir. Il a suivi la guerre contre les armées blanche et la mise en place de la dictature rouge pendant plus de 70 ans avec les conséquences connues.
      Détail intéressant, avec l’ouverture des dossiers secrets du KGB, nous avons appris que Lénine et les bolcheviques ont obtenus tous les aides financières et logistiques de l’armée allemande contre la promesse de l’arrêt de la guerre sur le front Est. Lénine a tenu parole par la paix de Brest Litowsk.

2  La révolution iranienne de 1979

Une situation similaire ; le pouvoir de la monarchie Pahlavi est discrédité et contesté par des pans entier de la population en raison de la corruption endémique, la forte inégalité sociale, la répression exercée par la Savak (la police politique) et le puissant travail de sape organisé par des leaders religieux chiites, prônant un retour au rigorisme musulman en opposition aux « dérives à l’occidentale » de la société iranienne.
Les forces en opposition au shah sont constituées par des mouvements hétéroclites idéologiquement :
  • le Front National, comprenant des notables mossadeghistes (du nom de l’ancien premier ministre Mossadegh)  et d'intellectuels libéraux
  • l'extrême gauche urbaine (Organisation des moudjahiddines du peuple iranien)
  • le parti communiste iranien (Tudeh)
  • le  Mouvement pour la Liberté de l'Iran de Mehdi Bazargan
  • et bien sur la branche  intégriste du clergé shiite dirigé par l’Ayatollah Khomeiny bien implanté dans le milieu rural
Ces derniers constituent des groupes contribuant à créer une situation pré insurrectionnelle qui se renforce profitant d’un coté de l’abandon de l’appui des Etats Unis de Jimmy Carter (malgré des promesses antérieures) et de l’autre coté de la maladie du Shah et des dissensions dans l’appareil de l’Etat.
Le shah parti, le gouvernement de Bakhtiar est écrasé par les partisans de Khomeiny qui s’accaparent de tous les pouvoirs, éliminant peu à peu toutes les forces qui ont contribués à la chute de la monarchie. L’instauration de la dictature théocratique est en place et pour longtemps.
3 Conclusions
Quelle  stratégie observons-nous dans la mouvance trotskiste en France ?
Leur vieille tactique de l’entrisme est encore très forte et avec un succès certain. Ils ont réussi le noyautage des structures très diverses :
-          --  des syndicats (principalement FO, SUD, l’UNEF-unité syndicale, Confédération Paysanne)
-         -- des associations et organisations soit radicalement trotskistes (A. C., CCFD, Droit Devant, DAL, La Libre Pensée, LDH) soit noyauté par eux ( GODF, FCPE, ATTAC )
-         --  dans les médias (Le Monde Diplomatique, Médiapart, l’OBS)   
Mais le problème fondamental qui les bloque c’est la perte totale de leur base ouvriériste. Alors il faut trouver une autre base sociale à endoctriner et ce fut le monde issu de l’immigration, particulièrement celle musulmane. Un de leurs théoriciens, le  terroriste Ilich Ramirez Sanchez, dit Carlos a écrit : “ L’Islam et le marxisme-léninisme sont les deux écoles dans lesquelles j’ai puisé le meilleur de mes analyses ”. Et : “ Cheik Oussama…est un internationaliste panislamiste ”.
Par conséquent, ils ont trouvé des points d’encrage fort dans :
-        - les mouvements et associations pro palestiniennes (ASFP, CAJPO, CBSP)
-         - les prédicateurs islamistes (Tarik Ramadan)
-        - les associations militantes  (CCIF, Ligue Islamique du Nord etc)
Cette alliance leur permettrait, pensaient-ils, d’arriver au pouvoir pour appliquer la doctrine bolchevique et se débarrasser de leurs encombrants alliés. Manque de pot, ils se voient déjà supplantés par ces derniers qui, d’une manière lente mais progressive et inéluctale remplacent les idéologues marxistes-léninistes par des hommes à eux. Dans quelques années, les vieux « trotskards » se verront éliminés et obligés de décamper avec armes et bagages.

Bon vent…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire