Le spectacle révoltant, écœurant, que ces clowns, joueurs-milliardaires avec le cerveau dans les mollets nous ont donné à l’occasion de la dernière coupe du monde de football, m’a conforté dans une idée qui me taraude depuis une dizaine d’années : nous sommes bien dans l’étape finale de notre civilisation.
Un préambule : toute civilisation, et l’histoire de l’humanité nous offre de très nombreux exemples, subit le même cycle ternaire : création, développement et apogée, décadence et disparition. C’est donc une lapalissade de dire que notre civilisation suivra nécessairement le même cursus. L’interrogation est : à quel stade sommes-nous aujourd’hui ?
En ce qui me concerne la réponse est sans ambigüité, le tout dernier, point de vue tout à fait personnel et subjectif que j’essaies de démontrer.
Pour avoir des éléments de comparaison faisons un parallèle entre la civilisation gréco-romaine à sa fin (la chute de l’empire romain) et l’état actuel de nos sociétés.
Je pense que les principales causes de la chute de l’empire romain peuvent être synthétisées en quatre grandes catégories.
1 L’insignifiance, sinon l’incurie des élites, que ce soit les élites politiques, intellectuelles économiques. En effet, par rapport à des responsables qui ont crés la gloire et la splendeur de l’empire, les derniers empereurs se sont revelés pusillanimes, faibles et même vicieux, incapables de maintenir l’unité de l’empire et même de gouverner efficacement. D’autre part, les hauts dignitaires civils et religieux corrompus, avaient perdu le sens de l’intérêt général, privilégiant uniquement leurs intérêts directs et personnels.
2 La classe intermédiaire, les patriciens, sont devenus des personnes vivant dans une opulence qui leur a fait perdre le goût de l’effort et de l’action, devenant des êtres engloutis dans les plaisirs immédiats (rappelez- vous les célèbres orgies à la Lucullus) des ultra consommateurs de la bonne chère dans tous les aspects du terme. La conservation de leurs privilèges restait leur seule ambition et nullement le progrès de la société et l’adaptation aux changements inhérents à toute époque.
3 Ensuite, le travail de sape des classes et des catégories sociales et nationales qui n’ayant plus grand chose à perdre ou voulant accéder à leur tour aux privilèges ou tout simplement par haine envers les puissants, commençait à ébranler les fondements de la société.
4 Enfin, les coup de boutoir des ennemis de l’extérieur (les barbares) qui, d’une manière sporadique ou systématique commencent à profiter de la faiblesse de l’empire en l’attaquant et en obtenant des avantages stratégiques qui tôt ou tard ont abouti à sa disparition.
Peut-on établir des points de convergence entre ces causes loin de deux millénaires et dans un système politique, social et administratif totalement différent de nos sociétés actuelle ? Rien de plus simple.
1 Nos élites actuelles ? A quelle époque a t-on vu des responsables politiques d’un niveau aussi faible qu’à nos jours ? Comparons pays par pays, la personnalité de nos dirigeants actuels par rapports à ceux d’il y a un peu plus d’un demi-siècle et la conclusion aux les yeux. Quant aux nombreux leaders de la vie économique et financière, tous les événements récents me dispensent de commentaires. Ne parlons pas d’une partie de nos intellectuels (heureusement avec un nombre d’exceptions) qui nous procurent les mêmes images dans les mêmes circonstances qu’à l’époque du lointain empire romain finissant.
2 La nouvelle et nombreuse « middle class » présente des symptômes éclairants ; le crédo du « moins de travail, moins d’effort, moins de responsabilités » mais plus d’argent, plus de loisirs et une jouissance immédiate est devenu monnaie courante. Une jeunesse élevée avec le culte de « l’enfant roi » qui ôte toute capacité de vouloir se battre, de progresser et réussir dans la vie dont la mentalité s’est généralisé. Et malheureusement ce sont eux qui payeront la lourde dette matérielle et morale que notre égoïsme aveugle leur laisse en héritage.
C’est une classe moyenne embourgeoisée (dans le mauvais sens du terme), préoccupée uniquement de son bien être immédiat, qui ignore le sens de l’intérêt général et souvent même des valeurs morales élémentaires que sont le courage, la probité (matérielle et intellectuelle) le respect de l’autre. Une catégorie de gens qui sacrifient tout pour conserver leurs « acquis », inconscients aux dangers qui nous guettent, trop veulent pour les combattre.
3 Des ennemis de l’intérieur, les groupes et groupuscules extrémistes qui sapent les fondements de nos sociétés pour mieux les détruire. Ce sont :
- les extrémistes de gauche qui rêvent à leur révolution, incapable de prendre le pouvoir par la voie démocratique essayent de l’obtenir par l’éclatement de la société auquel ils contribuent activement. Dans ce but ils noyautent des syndicats et des associations les entrainant à la « lutte finale »
- le nouveau « lumpenprolétariat » cher à Karl Marx, comprenant certaines groupes de personnes issues de l’immigration qui, en réaction à l’échec d’intégration expriment la haine envers le pays d’accueil, rejettent les valeurs de la société. Ils sont souvent entrainée par des groupes d’intégristes religieux qui profitent du mal être de certains de leurs coreligionnaires et travaillent à leurs inculquer la priorité des règles de vie d’une autre époque en contradiction totale avec les règles et lois du pays où ils vivent.
On constate de plus en plus un rapprochement entre les groupes extrémistes de gauche et les radicaux religieux, la bien connue alliance islamo-gauchiste.
4 Le danger extérieur est bien sur le danger islamiste ennemi farouche de la démocratie, de l’Occident et des valeurs qui le caractérisent. Les islamistes de l’extérieur essayent d’ébranler nos sociétés par plusieurs moyens
- les attentats
- la guerre sainte partout où ils ont des masses acquises à leur cause
- l’utilisation de la « cinquième colonne » leurs relais installés dans les pays démocratiques
La volonté de l’idéologie islamiste est la création des califats partout dans les pays où existe une majorité musulmane (Dar al Islam, la Maison de l’Islam) la conquête par la force des pays « hostiles » (Dar al Harb, la Maison de la Guerre)) et la soumission totale des peuples sans forte présence musulmane contre le payement d’une dime (Dar al Ahd, Maison du Traité). Très actifs partout dans le monde, ils sont bien efficaces dans le monde occidental, profitant des faiblesses de nos démocraties et s’appuyant sur leurs relais intérieurs, les « idiots utiles »
La similitude entre ces quatre groupes de causes est saisissante à mes yeux ; ce qui est encore plus grave, c’est l’impression d’une cécité de la part d’une majorité de nos concitoyens, une lassitude qui ne présage rien de bon. Triste fin…
Sorel ZISSU
Juin 2010-06-27
Ps En terminant cette pensée, je trouve une interview du philosophe Michel Onfray qui récuse les arguments de ceux qui comme moi dénoncent la « décadence » de notre époque. Et, justifie son point de vue par le fait que le « pire ne soit pas une nouveauté, c’est la loi du monde depuis que le monde est monde » Je suis intégralement d’accord avec lui. Sauf qu’il fait référence à l’essai de Suétone « La vie des douze César », dénonçant les turpitudes de la fin de l’empire romain ! Merci M. Onfray, CQFD
Et je me permets de citer aussi la grande dame et éminente helléniste Jacqueline de Romilly qui nous a quitté récemment: "Je ne suis pas très optimiste, ni pour les chères langues anciennes, ni pour la française, d'ailleurs, ni pour les humanités en général et, pis, guère plus pour l'avenir de notre civilisation. S'il n'y a pas un sursaut, nous allons vers une catastrophe et nous entrons dans une ère de barbarie."
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